La littérature africaine ne date pas d’hier, mais de lointains millénaires. Des contes pleins de sagesse aux histoires royales racontées de griot en griot, le continent ne manque pas d’histoire pour raconter sa grandeur.Certaines de ces histoires, avant qu’elles n’aient été ôtées des mémoires, ont trouvé le chemin du papier pour devenir de précieux manuscrits pour atterrir aux mains de quelques érudits.

Depuis les années 50, la plume des auteurs africains a eu un écho dans l’ensemble du monde contemporain. Beaucoup des écrits de cette époque deviendront des classiques de notre littérature.

Je vous propose alors d’en découvrir quelques-uns, choisis pour la beauté de leur plume et surtout, car ils portent des réflexions qui, dans le fond, reste toujours d’actualité.

Appréciez cette sélection de 10 romans classiques africains à lire et à relire en tout âge et en tout temps. Le choix était pénible, car j’aurais pu vous en proposer 100, mais j’ai décidé d’être sur la retenue, malgré moi 😄😄😄.

Allah n’est pas obligé est est un roman de l’auteur ivoirien Ahmadou Kourouma publié le 12 août 2000 aux Éditions du Seuil. Il a reçu le prix Renaudot la même année. “Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ces choses ici-bas”, c’est ainsi que se complète le titre du livre, à travers la voix du petit Birahima, à peine âgé d’une dizaine d’années. Il nous raconte avec un langage cru et innocent à la fois son histoire, depuis sa tendre enfance en pays malinké, jusqu'au jour où il a prit les armes pour devenir un enfant-soldat en Sierra Leone et au Libéria. Entre roman historique et roman social, il ne laissera pas le lectorat indifférent. Ce livre forge sa puissance dans son thème, son histoire, et la plume si singulière d’Amadou Kourouma qui même devant l’horreur n’hésite pas à saupoudrer chaque ligne d’un brin d’humour. Le roman du petit Birahima a une suite publiée à titre posthume intitulé “ Quand on refuse, on dit non”. Un roman qui nous raconte sans détournement l’histoire de la Côte d’Ivoire.

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Le roman du Nigérian Chinua Achebe nous plonge au XIXe siècle en pays Igbo . On y découvre les détails et subtilités d’une société structurée et ancrée dans ses coutumes et traditions. Au centre de l’intrigue Okonkwo, un notable au caractère inflexible, mais juste. Autour de lui, ses amis, ses enfants et ses épouses, mais surtout sa détermination à réussir sa vie, à l’inverse de son défunt père qu’il considère comme symbole de l’échec. Ce roman nous raconte comment tout ce monde va s’effondrer au contact des Européens fraîchement arrivés qui déploient leurs croyances, puis leurs comptoirs commerciaux et enfin leur administration coloniale. Aux prémisses de cette rencontre destructrice, nous baignons dans un récit où les mondes visibles et invisibles se mêlent , à travers l'histoire du protagoniste, qui n'acceptera jamais, la fin de son monde… Un livre qui a influencé plus d’un auteur africain à parler à partir de leur prisme culturel et identitaire pour décrire le monde dans lequel nous vivons. Publié pour la première fois en 1958. Depuis, il a été traduit en plusieurs langues, mais aussi adapté à la radio et au cinéma. Merci Nollywood !! 

Ken Bugul est une autreure au destin unique. C’est la voix des sans voix, dans le vrai sens du terme. Dans la plupart de ses ouvrages, la dignité de la femme est au centre, et l’adversité à laquelle elle doit faire face aussi. Ce roman bouleversant, puise dans sa vie personnelle pour nous raconter le choc culturel dévastateur qu’elle a connu en quittant le Sénégal pour la Belgique. Un livre magique et tragique aux allures de roman psychologique qui vous invite à faire le parralèle avec l’histoire de tout un continent. Publié en 1999, il reçoit le Grand prix littéraire d’Afrique noire. Il vient ouvrir la trilogie autobiographique de Ken bugul, suivi par « Riwan » et « Cendres et braises ». 

Ce livre est un bijou de la littérature africaine. C’est le chant des griots, c’est l’histoire des histoires, l’histoire du grand Soundiata, puissant roi du Grand Mali. Je ne me lasserai jamais de lire ce livre qui nous permet de nous souvenir d’une des périodes les plus glorieuses de l’histoire de l’Afrique. Publié en 1960 par Présence Africaine, il met en lumière les travaux de son auteur, l’historien Djibril Tamsir Niane, qui a parcouru le monde mandingue, à la rencontre des griots pour que cette histoire soit connue de tous.

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Je me souviens encore avoir lu d’une traite ce livre alors que j’étais dans un avion pour Bamako. Je n’ai pu, à aucun moment, lever les yeux de ce livre brillant. C’est sous forme épistolaire que Ramatoulaye Fall, la protagoniste, raconte à son interlocutrice et amie, Aïssatou Bâ, son histoire. Dans cet échange intime, elle revient sur la mort de son époux et de conséquences familiales et sociétales que cela implique. Elles partagent aussi leurs pensées sur la polygamie, à laquelle l’une s’est pliée et l’autre refusée au prix de son indépendance. Une histoire touchante et prenante qui présente un des premiers romans engagés écrit par une femme pour parler de la condition féminine. Publié en 1979 aux nouvelles éditions africaines, il est réédité de nombreuses fois. Mariama Bâ a écrit un second livre, Un chant écarlate en 1981.

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Dans un Mali aux portes de l’indépendance, Sous l’orage raconte l’histoire d’amour entre Kany et son camarade d’école Samou. Mais cette union semble impossible, car la jeune Kany est promise au riche marchand Famagan qui souhaite en faire sa troisième épouse. Ce récit, rempli de poésie aux allures de romance dramatique, souligne surtout la confrontation de deux éducations, celle du pays malinké et celle apportée par l’école coloniale. Au milieu, une jeunesse qui aspire à autre chose, à un monde nouveau à l’image de leur pays changeant. L’intrigue pourrait vous paraître facile, mais loin de là. Elle soulève, une question toujours d’actualité : la cohabitation dans un même espace de deux systèmes aux valeurs différentes voir contradictoires. Seydou Badian, l’auteur, nous accompagne dans cette réflexion à travers ce roman que je ne pourrais que vous conseiller. Il a été publié en 1963 aux éditions Présence africaines. L’auteur était un illustre personnage du Mali, en plus de ses fonctions, c’est lui qui a rédigé l’hymne national de son pays.

Parler de littérature africaine, sans mentionner Amadou Hampâté Bâ. Cela revient à faire du yassa sans oignons… Impossible 😅! Sous forme d’autobiographie historique, l’auteur peul malien nous raconte l’histoire du royaume de Bandiagara à l’aube de l’arrivée des colons. On y apprend les subtilités d’une société complexe ou plusieurs cultures s’entrechoquent pour mieux cohabiter. Un récit précieux à lire sans parcimonie. Le récit a été publié pour la première fois en 1991. Sa suite « Oui mon commandant » a été publiée à titre posthume en 1994.

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Connaissez-vous l’empire du Ghana ? Que votre réponse soit oui ou non, qu’importe, car cette pièce de théâtre qui se lit comme un roman vous propose une immersion totale dans ce valeureux empire du XIIe siècle. Sa lecture est si poétique et gracieuse, car elle nous emporte dans le pays des contes, des mythes et des légendes, mais aussi dans l’histoire. Ce livre nous raconte l’histoire de Sia Yatabéré, une jeune vierge qui a été choisie pour être sacrifiée à Bida, le serpent noir à sept têtes. Mais, son fiancé, Mamadi Sefedan, refuse catégoriquement le sacrifice… Alors, être vous prêt à connaître l’issue de ce livre devenu un classique du théâtre contemporain africain. Il a été publié en 1989 aux éditions l’harmattan. Moussa Diagana, auteur mauritanien, est aussi l’auteur de «Targuiya» publié aux éditions Lansman en 2001. Le livre n’est pas souvent disponible, donc profitez-en et achetez-le dès maintenant .

L’enfant noir est un des plus grands classiques de la littérature. Toujours enseigné dans les écoles secondaires et décortiqué dans les thèses universitaires, il garde une place prépondérante dans la littérature africaine. Cette autobiographie du guinéen Camara Laye, nous raconte son histoire de ses premières années à son départ pour l’Europe, où il alla étudier. C’est un des premiers et rares livres qui raconte une Afrique, certes sous administration coloniale, mais où le colon est absent. Seules l’Afrique, son histoire, sa culture, ses coutumes et sa philosophie comptent. Ce choix lui aura valu quelques critiques de ses camarades et notamment Mongo Beti, lui reprochant de ne pas avoir accusé les crimes coloniaux dans son ouvrage. Mais je dirai que le choix fut bon, car cela fait beaucoup de bien de lire une Afrique sans colonisation, sans guerres, sans esclavage… une Afrique qui vit sans subir. Il a été publié pour la première fois en 1953 et a gagné le prix Charles Veillon en 1954. Il a été adapté en film en 1955.

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Magique…mais réel. Car oui, ce livre est issu de faits réels. Il raconte l’histoire d’une reine Haoussa, Sarraounia Mangou, qui a combattu l’armée coloniale vers la fin du XIXe siècle. Abdoulaye Mamani, dénonce l’horreur et la brutalité de l’invasion coloniale, mais surtout fait honneur à cette légende qui a gardé toute sa place dans les traditions orales pour parvenir jusque dans nos bibliothèques. Ce livre d’histoire romancé connaît un immense succès au Niger et est fièrement étudié dans les programmes scolaires ! Il a été publié en 1985 aux éditions l’harmattan. Un film sur Sarraouinia est d’ailleurs sorti en salle en 1986 pour raconter l’histoire de cette reine africaine. Le livre n’est pas souvent disponible, donc profitez-en et achetez-le dès maintenant .

Voici pour ma maigre sélection à laquelle j’aurais aimé ajouté tant d’autres auteurs et autrices, dont Ousmane Sembène, Sony labou Tansi, Mongo Beti, Ferdinant Oyono, Aminata Sow Fall, Ngugi wa Thiong'o, Wole Soyinka, Cheikh Hamidou Kane…une liste que je ne pourrais jamais terminer je pense. Ou peut-être devrais-je penser dès aujourd’hui à créer une seconde liste 😅 … Néanmoins, le plus important reste de découvrir, de lire et relire cette belle littérature qui a une place intemporelle dans nos imaginaires. Bons achats et bonne lecture à tous 📚!

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