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Le 8 mars.

7 mars 2020

Je n’ai jamais porté une grande importance à cette journée. La confusion dans mon esprit règne quant à son utilité. Entre les mails et SMS de promotions qui me promettent des réductions spéciales pour des produits de beauté, les marches féministes qui s’organisent ou encore les " bonne fête des femmes" qui fusent de partout.

Aujourd’hui, j’ai envie de réfléchir au sens de cette journée car désormais je suis une femme, une femme qui veut comprendre le féminisme.

Le féminisme, ce mot qui porte en lui un certain malaise. Une crainte pour certains et certaines qui veulent le revendiquer. Une impression d’aigreur, de colère, de revanche pullule autour d’un concept qui promet aux femmes et aux hommes l’égalité des droits.

Difficile exercice car je ne m’identifie pas au fait d’être femme, arabe, noire, française, je n’aime pas les cases et ne les comprend pas. Je m’identifie à mes réflexions et pensées qui suivent ma liberté intellectuelle. Libre, oui je le suis, sky is the limit, je n’ai pas de peur de mes envies et de mes ambitions. Je veille tard et me réveille tôt pour atteindre mes objectifs. Je prends la parole en public et dit mes plus profondes pensées avec toutes les émotions qui m’animent. Je voyage librement et me laisse émerveiller par le monde qui m’entoure. Je mets continuellement du vernis rouge sur mes ongles et laisse toute liberté à mes cheveux frisés, car oui, mes boucles ne connaissent pas le chemin du coiffeur. J’aime ma féminité et la revendique.

Je me sens libre, et pourtant la culture et la société en décideront autrement. Car aujourd’hui je vois ce que l’on attend d’une femme et l’on ne souhaite pas qu’elle soit libre. Une femme devra justifier et rendre compte de son choix de liberté.

Une femme devra se conforter dans le rôle que la société lui aura défini. Etre mère, être une épouse, être éduquée mais sans grande ambition car cela risque d’effrayer les gens qui l’entourent. L’ambition, pourquoi faire? Il ne faudrait pas oublier que l’horloge biologique tourne.

Une femme devra feindre ne de rien comprendre, on ne lui demande pas de faire preuve de grande intelligence mais surtout de sentir bon et d’être souriante,

Une femme devra aimer être mère, car c’est le plus beau métier du monde au risque de connaître l’échec d’un vie et d’être jugée indignement par tous,

Une femme devra savoir tenir un foyer car c’est sa responsabilité après tout,

Une femme acceptera les humiliations car elle se pense trop faible pour les affronter et après tout, c’est la règle, c’est la culture, la tradition,

Une femme ne devra pas tenir tête aux hommes de peur de subir leur machisme et remarques déplacées. Mieux vaut user de ses charmes naturels dirons-nous...

Au début, je ne croyais pas vraiment à tous ces concepts mais il s’avère qu’ils sont d’actualité. Je comprends par expérience qu’être une femme libre, forte, émancipée n’est pas ce que l’on attend d’une femme.

Cette distinction sociale entre le rôle des hommes et des femmes est épuisante et est la résultante d’une éducation qui ne veut pas évoluer.

“ Ce que nous faisons de pire aux hommes - en les convainquant que la dureté est une obligation -, c’est de les laisser avec un égo très fragile. Plus un homme se sent contraint d'être dure, plus son égo est faible. Quant aux filles, nos torts envers elles sont encore plus graves, parce que nous les élevons de façon qu’elles ménagent l’égo fragile des hommes. Nous apprenons aux filles à se diminuer, à se sous-estimer” - Chimamanda Ngozi Adichie

Femmes et hommes, dans ce monde que nous avons construit, nous subissons les persécutions quotidiennes d’un système que l’on croit nous convenir, nous protéger nous comprendre. Libérons-nous, respectons-nous, soyons nous-même.

“La culture ne crée pas les gens. Les gens créent la culture” - Chimamanda Ngozi Adichie

Certaines femmes inspirantes n’ont pas eu peur d’être qui elle voulait et ont eu le courage de mettre leur confiance au service de causes justes. Ces modèles comme Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture du Mali, écrivaine et activiste passionnée que j’ai eu l’immense honneur de rencontrer et qui m’inspirera à vie en donnant un nouveau souffle à mes rêves. Ce que je retiendrai de cette rencontre, c’est de ne pas avoir peur de croire en mes valeurs et convictions et que tout combat, mené avec intelligence et structure est un combat digne et juste. Ne pas avoir peur tant que l’on sait pourquoi nous menons un combat.

Ma rencontre avec Aminata Traoré - Décembre 2019

Une pensée particulière également aux femmes victimes de terreurs, de féminicides, de viols, d’intimidations ou ayant perdu confiance en leur capacité de réussir et de rêver car elles sont femmes. Mon soutien aux hommes lassés de prouver leur virilité émotionnelle et matérielle.

Le féminisme, finalement ne serait ce pas simplement une autre manière de définir l’égalité, le respect, la liberté et la dignité. 

Cessez de parler au nom de l'Afrique - Aminata traoré

Et le 8 mars, une occasion de célébrer celles qui inspirent les femmes et hommes à créer un monde meilleur.