Aujourd'hui, je souhaite partager avec vous une sélection de livres qui m'ont particulièrement touché. Il s'agit de récits de vie présentés sous diverses formes, tels que des autobiographies, des témoignages, des entretiens, et des confessions, tous liés à l'histoire noire et africaine. Ces histoires sont parfois empreintes d'humour, parfois troublantes, mais elles partagent toutes un objectif commun : inspirer.

L'histoire noire et africaine est riche en défis, en difficultés, et en rêves. Chacun de ces récits, qui immortalise le parcours de vie de ses protagonistes, revêt une importance cruciale dans le tissu de l'histoire noire. Les auteurs abordent une multitude de sujets, tels que l'écologie, le métissage, le racisme, l'adoption, la condition féminine, et la révolution. Ils nous offrent un aperçu de l'histoire d'un peuple qui est profondément ancré dans l'histoire de l'humanité.

Je vous invite donc à explorer ces récits de vie qui non seulement nous amènent à réfléchir sur notre propre existence, mais nous transportent également à travers les expériences de personnes courageuses et inspirantes. Ils nous rappellent que nos propres histoires sont précieuses et que nous détenons le pouvoir d'inspirer et d'être des modèles pour les autres.

Ce roman nous plonge dans l'enfance et l'adolescence de l'auteur, métis sous l'Apartheid en Afrique du Sud. En racontant « son enfance sud-africaine dans la peau d'un métis », Trevor Noah nous fait comprendre comment la population noire et métis vivait sous ce système de ségrégation raciale.

Tout commence par la liaison illicite entre sa mère issue de la tribu des Xhosas et son père suisse-allemand, fruit interdit de la loi sur l'immoralité de 1927. Mais au-delà de cette histoire personnelle, c'est toute la réalité de l'Apartheid que Trevor Noah raconte avec un ton comique et touchant.

Ce roman autobiographique est un témoignage édifiant pour comprendre l'histoire de l'Apartheid. Mais c'est aussi un livre tendre et touchant qui nous émeut par la relation forte entre cet enfant métis et sa mère. D'ailleurs, Trevor Noah lui rend hommage dans l'exergue de son livre : « À ma mère, ma première fan. Merci d'avoir fait de moi un homme. »

Aujourd'hui, Trevor Noah est un animateur de radio et de télévision de renom aux États-Unis et son humour est reconnu à travers le monde. J’ai choisi de vous proposer ce livre pour son ton unique, qui nous fait réfléchir tout en nous faisant sourire.

Dans ma sélection de récits de vie inspirants, je ne pouvais pas passer à côté de l'essai d'Amandine Gay, « La poupée en chocolat ». Dès les premières lignes de la quatrième de couverture, on est touché par la sincérité de l'autrice, qui nous dit : « Je suis une personne née sous X, qui ne possède rien de son passé : ni antécédents médicaux, ni arbre généalogique, ni mémoire familiale. Je dois donc écrire mon histoire pour ne pas être qu'une somme de silences, de traumas et de dépossessions. Ce livre est une trace, une archive, une pièce du puzzle que je tente de compléter grâce à l'analyse politique de ce qui m'arrive. »

Dans cet ouvrage, Amandine Gay aborde le sujet de l'adoption, et plus particulièrement de l'adoption transraciale et transnationale, qui peut entraîner un déracinement et du racisme, conscient ou non, de la part de la famille adoptante. En tant que femme noire adoptée par des personnes blanches, l'autrice nous livre un témoignage poignant, mêlant récits d'autres vécus, essai et militantisme.

À travers ce livre, elle nous permet de comprendre en quoi le syndrome du sauveur blanc est très présent dans l'adoption. Lorsqu'une personne blanche adopte un enfant racisé, elle peut parfois penser que l'enfant lui est redevable. Amandine Gay nous parle des conséquences du racisme systémique, et de celui que peut vivre une personne adoptée racisée de la part de son entourage le plus proche.

Cet essai est une véritable archive, une pièce du puzzle que l'autrice tente de compléter pour mieux comprendre son histoire, mais aussi pour sensibiliser sur un sujet encore trop souvent tabou. C'est pour toutes ces raisons que j'ai choisi ce livre dans ma sélection de récits de vie inspirants.

Dans "Madame la Présidente", Helene Cooper nous offre une biographie captivante qui mêle reportage et roman, retraçant l'histoire extraordinaire d'Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente d'Afrique. De femme battue et humiliée à icône mondiale, elle a su gravir les échelons de la politique et devenir une leader qui milite pour les droits des femmes. L'histoire se déroule dans un contexte difficile, celui de la guerre et de la maladie d'Ebola, mais elle n'a pas baissé les bras et a réussi à négocier une aide financière avec les Etats-Unis pour la reconstruction du Liberia. La plume de l'auteure nous transporte et dresse le portrait d'une femme forte, qui se bat pour ses convictions. Le parcours d'Ellen Johnson Sirleaf est une source d'inspiration pour tous ceux et celles qui veulent croire en leurs rêves, quelles que soient les difficultés rencontrées sur leur chemin. Et le fait que l'auteure ait reçu le prix Pulitzer pour son reportage sur l'épidémie d'Ebola dans l'ouest de l'Afrique témoigne de son talent pour raconter des histoires inspirantes. "Madame la Présidente" est une belle découverte littéraire du Liberia, qui vaut le détour.

Ce livre raconte l'histoire inspirante de Yacouba Sawadogo, un homme ordinaire qui a accompli l'extraordinaire. En effet, face à la sécheresse qui menaçait les terres de son village au Burkina Faso, il a décidé de ne pas abandonner et de chercher des solutions pour sauver ses terres. Grâce à son éducation coranique et à sa persévérance, il a développé des techniques ancestrales telles que le zaï et la plantation d'arbres pour restaurer la fertilité des sols.

Le livre, écrit par Damien Deville, est une ode à la poésie rare de la géographie, qui raconte avec des mots simples et puissants l'histoire de cet homme qui a arrêté le désert. L'auteur nous plonge dans la vie quotidienne de Yacouba Sawadogo et de son village, et nous montre comment l'homme a pu, par son action, modifier le climat de son territoire.

Ce récit montre également comment une personne peut faire la différence, même dans un contexte difficile et face à l'adversité. Yacouba Sawadogo est un exemple de courage, de persévérance et de détermination, qui a su faire face à l'adversité pour réaliser son rêve de sauver les terres de son village. Ce livre est une lecture inspirante pour tous ceux qui cherchent à changer le monde à leur échelle.

Je suis ravi de vous présenter "Paul Robeson: musique afro américain", écrit par Gerald Horne, un historien américain. Ce livre relate la vie unique de Paul Robeson, une personnalité majeure de l'histoire américaine, mais qui est malheureusement aujourd'hui oubliée. Il était chanteur, acteur, athlète et militant des droits civiques, et sa popularité dépassait les frontières des Etats-Unis pour atteindre l'Europe, l'Afrique et l'Asie.

Paul Robeson a été l'un des premiers à lutter contre la ségrégation dans les années 1930 et 1940, et a inspiré des générations de militants des droits civiques comme Martin Luther King et Malcolm X. Malheureusement, il a été victime du maccarthysme et a passé les dix dernières années de sa vie à Harlem dans la pauvreté et l'isolement, souffrant de nombreux problèmes de santé après le décès de sa femme en 1966.

Dans ce livre, Gerald Horne, historien afro-américain titulaire de la chaire John J. et Rebecca Moores d'histoire et d'études afro-américaines à l'Université de Houston, éclaire de nombreux aspects de l'histoire mondiale du XXe siècle à travers les vies et les combats de Paul et Eslanda Robeson. Il analyse notamment la lutte pour les droits civiques, le maccarthysme, la guerre froide et l'impérialisme américain sous un angle critique, mais jamais manichéen. L'historien reconnaît les limites des choix politiques et personnels de Robeson, tout en mettant en avant la force de son engagement.

J'ai choisi ce livre pour ma sélection de récits de vies inspirants de personnalités afro, d’Afrique, des Antilles et du monde, car il offre un aperçu unique sur un personnage historique majeur trop souvent oublié.

Dans ma sélection de livres sur des récits de vies inspirants, j'ai choisi de mettre en avant "La force des femmes" de Denis Mukwege, médecin congolais connu pour son combat contre les violences faites aux femmes dans son pays, et lauréat du prix Nobel de la Paix en 2018.

Dans la première partie de son livre, Mukwege raconte son parcours, sa jeunesse et son désir d'aider les femmes congolaises à accoucher en sécurité. Pour cela, il part en France pour se spécialiser en gynécologie et obstétrique. Mais à son retour au Congo, la guerre vient bouleverser ses plans. Il se retrouve à soigner des femmes victimes de viols et de mutilations génitales horribles, devenant ainsi "l'homme qui répare les femmes".

Dans la seconde partie de son livre, Mukwege s'interroge sur les viols, sur les hommes et leur rapport aux femmes, et met en perspective la situation au Congo avec le reste du monde. Il propose également des pistes pour que les violences sexuelles ne soient plus qu'un mauvais souvenir. Pour chaque femme qu'il soigne, les mêmes questions reviennent inlassablement : "est-ce que je cesserai d'avoir mal ? Est-ce que je pourrai avoir des relations sexuelles normales ? Est-ce que je pourrai avoir des enfants ?" Et la réponse est toujours la même : "non".

Ce livre est important pour rappeler que les violences faites aux femmes sont universelles, et qu'elles sont souvent liées à des intérêts économiques. En effet, le Congo est l'un des pays les plus riches en matières premières, notamment celles nécessaires à la fabrication de nos appareils électroniques. Des groupes violents contrôlent ces mines et profitent de cette richesse, alimentant ainsi les conflits armés et les violences faites aux femmes.

Un livre qu'il faut lire pour rencontrer un être humain exceptionnel qui aujourd’hui est même en course pour la présidentielle de son pays.

Ce livre, intitulé "Fiertés de femme noire" Entretiens - Mémoires de Paulette Nardal" et écrit par Philippe Grollemund, est composé de fragments d'entretiens enregistrés sur magnétophone en 1974 et 1975 avec Paulette Nardal, une femme de lettres martiniquaise qui a joué un rôle important dans le mouvement littéraire de la négritude. Les entretiens ont été retrouvés en 2016 et publiés sous forme de transcription brute.

Paulette Nardal, figure féminine clé de la Négritude y retrace son parcours, depuis ses études en Sorbonne en 1921, où elle fut la première étudiante noire, jusqu'à sa participation à La Dépêche africaine et la fondation de La revue du monde noir avec sa sœur Jane et le docteur Sajous. Elle évoque aussi les pratiques musicales en Martinique et les rencontres avec des auteurs, artistes et hommes politiques afro-américains dans le salon des sœurs Nardal à Clamart.

La Revue du monde noir, dont Paulette Nardal était la secrétaire générale, avait pour objectif de faire connaître les œuvres de l'élite intellectuelle de la race noire, la civilisation nègre de l'Afrique, et de créer un lien intellectuel et moral entre les Noirs du monde entier sans distinction de nationalité.

Enfin, il n’a pas lieu de parler de la Négritude sans énoncé le nom de cette grande dame.

Lilyan Kesteloot, a été l'une des premières chercheuses à se consacrer à l'étude de la littérature négro-africaine et de la négritude. Dans son ouvrage, elle partage avec le professeur Ari Gounongbé son intime perception de cinq grandes figures de la négritude : Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop et Amadou Hampaté Ba.

Lilyan Kesteloot ne se contente pas de répéter les stéréotypes courants ou les portraits figés de ces personnalités, mais cherche plutôt à les dévoiler dans leur complexité. Elle explore ainsi les différentes facettes de chaque individu, en s'attachant à révéler leurs paradoxes et leurs surprises.

Elle souligne par exemple la rigueur scientifique de Cheikh Anta Diop, tout en évoquant comment il pouvait enflammer son assistance. De même, elle décrit la l’exigence que Senghor s’imposait, tout en mettant en lumière sa rectitude morale. Quant à Aimé Césaire, considéré comme le père de la négritude, elle le surprend en le décrivant sous l'image d'un père très attaché à ses enfants.

Le texte de Kesteloot offre également un panorama de la modernité africaine, en mettant en lumière les non-rencontres, les cheminements parallèles, les conflits et les réconciliations entre ces acteurs majeurs. L'auteure donne vie à ces personnages en les replaçant dans leur contexte, permettant ainsi au lecteur de mieux comprendre l'origine et la signification de leurs actions. En somme, l'ouvrage de Lilyan Kesteloot est une contribution majeure à la compréhension de la négritude et de la modernité africaine, offrant un regard nuancé et sensible sur ces grandes figures.

En conclusion, la lecture de ces récits de vie nous offre une plongée riche et inspirante dans l'histoire noire et africaine, ainsi que dans les défis, les rêves et les aspirations qui la façonnent. Les témoignages, les confessions et les entretiens présentés dans cette sélection nous rappellent que chaque histoire individuelle contribue à la grande histoire collective de l'humanité. Que ce soit à travers l'écologie, le métissage, la condition féminine ou encore la lutte contre le racisme, ces histoires nous offrent un aperçu de la complexité et de la richesse de l'expérience noire et africaine. En lisant ces récits, nous sommes invités à réfléchir sur notre propre place dans le monde, sur les histoires qui nous ont façonnés, et sur les histoires que nous souhaitons écrire pour l'avenir. Car comme l'ont si bien montré les auteurs de ces témoignages, nos histoires sont notre héritage le plus précieux, et c'est en les partageant et en les célébrant que nous pouvons construire un monde plus juste, plus égalitaire et plus harmonieux.